Ambrogio Beccaria : « Nous pouvons encore gagner The Ocean Race Europe »
L’entrée d’Ambrogio Beccaria dans la Classe IMOCA a été mouvementée, mais elle met en lumière la résilience et la détermination du skipper italien.
Aux côtés de Team Holcim-PRB, ils seront de retour pour la deuxième étape, et les deux équipages restent de sérieux prétendants. À 33 ans, fort d’un solide palmarès en Mini et en Class40, Ambrogio Beccaria est convaincu que son équipe peut encore viser la victoire sur cette course.
« Notre approche pour la suite de la course ne change pas, car nous savons que dans ce type d’épreuve tout peut se jouer jusqu’à la dernière minute. C’est ça la course au large, et nous savons comment cela fonctionne », expliquait-il à la Classe, alors qu’il convoyait son bateau de Kiel à Portsmouth pour le départ de la deuxième étape demain après-midi.
Déterminé, le Milanais insiste sur l’importance d’aborder chaque manche avec ambition : « Nous serons prêts à nous battre sur l'eau, nous sommes ici pour donner le meilleur de nous-mêmes. Chaque étape est une course à part entière, et nous voulons bien faire sur chacune d’elles. »

Au prochain stopover, à Carthagène, un jury international se réunira pour examiner les circonstances de la violente collision entre Allagrande MAPEI Racing et Team Holcim-PRB, survenue quelques minutes seulement après le départ de la première étape entre Kiel et Portsmouth. Selon les conclusions, une réparation pourrait être attribuée à l’une ou l’autre des équipes, voire aux deux, en fonction des responsabilités établies.
Contraint à l’abandon de la première étape de The Ocean Race Europe après une collision au départ, lui et son équipe sur Allagrande MAPEI Racing ont fait preuve d’une remarquable persévérance pour revenir dans la course.
« Je pense que nous pouvons encore gagner cette course », poursuit le skipper. « Il y a encore le jury, et une grande partie du résultat dépendra de sa décision… De plus, la prochaine étape compte double, les possibilités sont nombreuses et c’est la course au large : rien n’est jamais joué tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie. »

Au départ, les dommages sur son IMOCA semblaient se limiter à un J0 déchiré. Mais très vite, le diagnostic s’est alourdi : l'équipe technique a dû remplacer une grande partie du gréement dormant tribord ainsi qu'une cadène. À Kiel, le skipper italien reconnaît avoir traversé des moments de découragement, craignant même de devoir abandonner la course.
« Je n’avais jamais vécu une collision de cette intensité. C’est très difficile à encaisser, d’autant que cela ne touche pas seulement ton bateau, mais aussi celui d'une autre équipe. Ce qui rend la situation plus supportable, c’est de pouvoir compter sur une équipe formidable, qui a réalisé un travail incroyable pour tout réparer et remettre le bateau en état », souligne-t-il.
Dimanche, les sept IMOCA engagés s’élanceront finalement de Portsmouth pour la deuxième étape. Team Holcim-PRB, également victime de lourds dégâts, sera bien présent après d’importantes réparations sur sa coque. Ambrogio Beccaria avoue qu’il sera sûrement stressé en reprenant la barre lors du départ dimanche, qui s’annonce encore rapide et musclé au large du Royal Yacht Squadron, à Cowes.

La deuxième étape promet d’être passionnante à suivre : les équipages devront parcourir 1 400 milles nautiques jusqu’à Carthagène, avec un passage en “fly-by” à Matosinhos, au Portugal. Plusieurs caps majeurs seront à franchir, dont le Cap Finisterre et le Cap Saint-Vincent, avant le passage délicat du détroit de Gibraltar, porte d’entrée vers la Méditerranée. Si la sortie de la Manche pourrait se faire rapidement, Ambrogio Beccaria souligne que les choix météo restent particulièrement complexes.
« Sur la première étape, la stratégie semblait assez simple à comprendre, mais cette fois, c’est beaucoup plus compliqué, » explique le skipper d’Allagrande MAPEI Racing. « Il y a deux grosses transitions avant Matosinhos et, pour le moment, il semble presque impossible de savoir quelle sera notre route. Pour l’instant, c’est vraiment, vraiment compliqué. »
Sur l’IMOCA Canada Ocean Racing-Be Water Positive, la Britannique Pip Hare, désignée par l’équipe comme skipper de cette deuxième étape, aborde le départ avec enthousiasme. « Pour nous, c’est superbe, absolument idyllique », sourit la navigatrice, embarquée à bord de l’ex-11th Hour Racing Mãlama puis Groupe Dubreuil, aux côtés des Français Christopher Pratt et Sébastien Marsset, ainsi que du Britannique chevronné Brian Thompson. « Les conditions de portant sont fantastiques, avec une mer relativement plate. Je pense que ça va être rapide. Mais à mon avis, il va absolument falloir aller vite pour ne pas se faire décrocher, car en approchant de la Méditerranée, une transition pourrait créer de vrais écarts au sein de la flotte. Donc nous allons naviguer à fond, en veillant à maintenir le rythme. »

« Nous avons constaté que notre bateau est un peu plus lourd que les autres, ce qui nous pénalise dans le petit temps, surtout au départ où il est difficile de prendre de la vitesse, » explique-t-elle. « Nous savons donc qu’il faudra être très offensifs dans les premiers milles, en exploitant au mieux notre jeu de voiles pour garder de la puissance et maximiser la vitesse. Nous avons aussi réalisé que cette course est très intense et que la fatigue arrive vite. Il faudra donc être plus rigoureux dans la gestion des quarts et du sommeil. »
Malgré ces difficultés, Pip Hare reste convaincue que son équipe et son IMOCA peuvent viser le haut du classement. « Nous courons au contact des meilleurs. L’objectif est de nous rapprocher d’eux étape après étape, puis d’en dépasser certains à la fin. Nous ne pouvons que progresser », affirme-t-elle.
Ed Gorman / IMOCA