La flotte se resserre à Ouessant après une nuit blanche, la course de vitesse vers le Portugal est lancée
La deuxième étape de The Ocean Race Europe a offert une nuit riche en contrastes. Les sept IMOCA se sont élancés de Portsmouth à toute allure, poussés par un vent portant soutenu, avant de se retrouver encalminés au large d’Ouessant.
Après s’être étirée sur près de 40 milles dans la Manche, la flotte s’est brutalement regroupée sur quelques milles à peine lorsque la brise est tombée, marquant ainsi le premier tournant majeur de l’étape.
Le départ dominical depuis Cowes avait offert des conditions idéales : un long bord sous spinnaker dans le Solent, porté par la marée. Biotherm s’est montré une nouvelle fois le plus tranchant, raflant les points maximum au Needles scoring gate, suivi de près par Paprec Arkéa qui empoche le point supplémentaire.
« Nous avons choisi une voile différente de celle de certains concurrents, et c’était la bonne option. Le bateau filait à toute vitesse dans le Solent », confiait Sam Goodchild à bord de Biotherm. « Tout s’est parfaitement enchaîné pour décrocher les deux points. Exactement ce qu’il nous fallait. »
Les sourires étaient également de mise ailleurs. « Nous avons eu de superbes conditions pour quitter le Solent et traverser la Manche, on s’est régalés », racontait Morgan Lagravière sur Allagrande Mapei Racing, heureux de retrouver le rythme après la première étape.

Libérés de l’île de Wight, les leaders ont vite accéléré, dépassant les 20 nœuds à la tombée de la nuit. « C’était intense, avec un vent d’est soutenu et un peu de mer – nous allions même plus vite que ce que le routage prévoyait », ajoutait Goodchild.
Mais tout a basculé à la pointe nord-ouest de la Bretagne. Comme annoncé, les vents d’est ont laissé place à une zone de transition quasi sans souffle. Les voiliers, lancés à pleine vitesse, se sont retrouvés à l’agonie, les équipages s’échinant pour maintenir l’avancée.
Paprec Arkéa a tenté le passage intérieur par le goulet d’Ouessant – un pari qui aurait pu rapporter 15 à 20 milles s’il avait abouti. Mais le vent faiblissant leur a fermé la porte à moins d’une heure près. Contraints de virer et de repartir vers l’ouest, les hommes de Yoann Richomme ont vu leur avance fondre et se sont retrouvés relégués dans le peloton.
« On est passés de premiers à derniers. Un peu rude, mais c’est ainsi », reconnaissait Richomme, lucide sur un coup de poker manqué. « On y a cru, mais ça n’est pas passé. Toute la nuit, on a bataillé pour s’en sortir. Au lieu de nous pousser vers le sud, le courant nous ramenait vers le nord. Au final, on a dû faire comme les autres et contourner. On est maintenant à cinq milles du leader. Ce n’est pas la fin du monde, mais si on s’extrait d’ici sans reculer pendant six heures, ce sera déjà bien. »
Pendant ce temps, Biotherm, Team Malizia et Canada Ocean Racing, restés au nord, ont choisi l’option la plus sage. Biotherm conservait une courte avance, tandis que Canada s’offrait même un passage éclair en tête, une première symbolique pour l’équipe de Scott Shawyer. Au petit matin, à peine quinze heures après le départ de Portsmouth, les sept IMOCA se retrouvaient bord à bord.

Cette compression a épuisé les marins. « On n’a pas dormi de la nuit », admettait Thomas Ruyant, co-skipper d’Allagrande Mapei. « En réalité, pas du tout ! » À bord de Team AMAALA, Alan Roura affichait un certain pragmatisme : « Tous les bateaux sont regroupés, c’est un nouveau départ pour tout le monde. L’enjeu, c’est de sortir de cette zone au plus vite pour accrocher le nouveau vent. »
Lagravière parlait d’un « vrai changement de décor ». « On cherche tous la solution pour s’en extraire. On pensait pouvoir passer en douce, mais non. On va travailler dur toute la matinée pour retrouver de la pression et du vent. On sait que c’est l’un des gros obstacles de cette étape. »
« C’est vraiment le passage-clé », confirmait Alan Roberts (Holcim-PRB). « Traverser ces calmes et atteindre la nouvelle pression – ceux qui s’en sortiront en sortiront grands gagnants. »
En milieu de matinée, la flotte avait enfin percé la zone de transition. Le vent de nord-ouest regagnait en force, les vitesses remontaient au-dessus de dix nœuds. Le golfe de Gascogne s’annonce désormais comme une course de vitesse en ligne droite vers le cap Finisterre. Ensuite, de forts flux de nord-ouest devraient propulser les IMOCA le long de la côte portugaise jusqu’à Porto, où un fly-by attribuera des points. Les dernières estimations annoncent une arrivée des leaders mercredi, voire plus tôt si la descente s’avère rapide.
À 12h00 UTC, Team Malizia, Biotherm et Holcim-PRB menaient la danse, bord à bord, frôlant les 20 nœuds sous 13 nœuds de vent. Huit milles seulement séparaient le premier du dernier, avec Team AMAALA fermant la marche – preuve que tout reste encore à jouer.
La flotte est attendue mercredi à Porto pour un court passage, avant de remettre aussitôt le cap sur Carthagène.
La course est à suivre sur www.theoceanrace.com ainsi que via Warner Bros. Discovery, partenaire média, et ses plateformes Eurosport, TNT Sports, HBO Max et Discovery+. Consultez notre guide How to Follow.