La flotte progresse lentement après une nuit marquée par une éclipse de Lune

Des vents extrêmement légers le long des côtes italiennes et françaises au cours de la nuit ont ralenti la navigation des équipages en route de Gênes vers le Monténégro.

La flotte a connu une première nuit particulièrement lente, freinée par des vents extrêmement faibles le long des côtes italiennes et françaises.

Depuis le départ hier après-midi, les conditions de calme dominent. Les bateaux avaient pris le large en formation serrée pour ce parcours qui les mènera d’abord le long de la Corse et de la Sardaigne, puis au sud de la Sicile, avant un passage virtuel au large de la Grèce et une remontée vers l’Adriatique jusqu’à l’arrivée.

Faute de vent, la flotte n’a pas pu progresser vers le sud et s’est lentement décalée vers l’ouest au cours de la nuit, espérant profiter de petites brises nocturnes descendues de la terre en direction de Nice (France), ville-étape entre la troisième et la quatrième manche.

Hormis une accélération fugace autour de 21 heures, lorsque la brise thermique a propulsé les IMOCA au-delà des 10 nœuds, l’avancée est restée très laborieuse. Chaque équipage a connu des hauts et des bas, enchaînant les changements de voiles entre Code Zero et spinnakers de tête de mât, selon les variations capricieuses du vent.

« Nous progressons dans de petites bulles d’air, un peu comme dans Les Fous du volant », plaisantait Pip Hare, co-skipper de Canada Ocean Racing – Be Water Positive. « Parfois tu prends de la vitesse, parfois tu restes bloqué. C’est lié aux effets thermiques : la journée, il a fait très chaud, et la nuit l’air plus frais descend des vallées vers la mer. On essaie d’en tirer parti. »

Ce rythme poussif contraste fortement avec la vie à bord de ces monocoques volants lorsque le vent est établi : dans ces moments-là, les bateaux filent à plus de 25 nœuds, portés sur leurs foils, et l’équipage reste calfeutré dans le cockpit fermé, constamment arrosé par les embruns.

« L’essentiel, c’est que nous avançons », relativisait Nico Lunven à bord de Team Holcim – PRB. « La flotte n’est pas totalement arrêtée et nous allons dans la bonne direction. Mais les conditions sont aux antipodes de celles où le bateau galope à toute allure, enfermé dans le cockpit avec de l’eau partout. »

La nuit a toutefois offert un spectacle céleste rare aux marins : une éclipse lunaire dite de « lune rousse », parfaitement visible grâce au ciel dégagé. « C’était magnifique de voir la lune réapparaître peu à peu après l’éclipse », racontait émerveillée la skippeuse néerlandaise Rosalin Kuiper (Holcim – PRB).

« C’est fascinant, et le ciel était constellé d’étoiles », ajoutait-elle, avant de rallumer sa frontale pour ajuster la voile d’avant. Ce midi, la flotte s’était à nouveau resserrée dans une bulle de calme au sud-est de Nice.

Le Français Paul Meilhat, leader du classement général avec Biotherm, apparaissait en tête sur le tracker. Mais avec moins de 10 milles d’écart entre tous les bateaux, pratiquement immobiles, il faudra attendre l’arrivée du prochain souffle de vent – attendu ce soir ou dans la nuit – pour voir la hiérarchie de cette cinquième étape se dessiner réellement.