Pas de répit pour les leaders alors que le peloton de tête affronte des conditions méditerranéennes délicates
Les quatre premiers ont tendance à se resserrer tandis que Team Holcim – PRB, en cinquième position, cherche des opportunités pour revenir dans la bataille.
L’intensité de la course en tête de flotte de The Ocean Race Europe 2025 n’a pas faibli lors de cette quatrième journée de l’étape 5 entre Gênes, en Italie, et la baie de Kotor, au Monténégro.
Les cinq premiers bateaux ont contourné dans la nuit l’île italienne d’Ustica en pleine tempête, sous d’impressionnants éclairs et de fortes pluies, mais avec très peu de vent.
La menace d’un grain soudain planait toutefois en permanence, créant une atmosphère tendue à bord. Les équipages, aux aguets, progressaient au ralenti sous spi le long des côtes de l’île.
À ce moment-là, seulement 11 milles séparaient les quatre premiers. Paprec Arkéa (FRA), mené par Yoann Richomme, conservait la tête avec environ trois milles d’avance sur Biotherm (FRA) de Paul Meilhat. En troisième position venait Team Malizia (GER) de Boris Herrmann, suivi de près par le bateau italien Allagrande Mapei, skippé par Ambrogio Beccaria.
« Il y avait deux waypoints – un au nord et un au sud – sur la côte nord de l’île d’Ustica », expliquait Francesca Clapcich, navigatrice italienne de Team Malizia. « Nous sommes quatrièmes et toujours dans le match. C’était vraiment très compliqué : orages, éclairs, de nombreux bascules de vent… La plupart du temps, nous étions du mauvais côté, ce qui était frustrant, mais ça fait partie du jeu.
« Maintenant nous descendons vers le sud et contournons la Sicile. On avance lentement mais sûrement. Il y a encore de l’orage au large, beaucoup de nuages et d’innombrables grains. La Méditerranée n’est pas une plaisanterie – surtout à cette époque de l’année. J’ai hâte d’arriver plus au sud, dans l’Adriatique, où les conditions devraient être un peu plus stables. Nous verrons bien. »
Après Ustica, le groupe de tête a dû remonter au près dans une dizaine de nœuds de vent d’ouest, avant de bénéficier d’un vent de nord permettant une navigation rapide sous le vent. Les leaders ont ainsi filé à plus de 20 nœuds au large de Favignana, petite île située à l’ouest de la Sicile.
Les quatre premiers se sont alors scindés en deux duels : Biotherm tentant de rattraper Paprec Arkéa, tandis qu’Allagrande Mapei livrait un véritable mano a mano avec Team Malizia.
Avec leurs adversaires en ligne de mire, la pression est maximale à bord des quatre bateaux. Les équipages, épuisés par le manque de sommeil, doivent à la fois optimiser la vitesse de leur propre machine dans des conditions instables et surveiller sans relâche les réglages de voiles de leurs concurrents.
« En ce moment, nous faisons en moyenne 12,9 nœuds et Mapei environ huit – donc nous sommes un peu plus rapides », commentait Boris Herrmann, skipper de Team Malizia, les yeux rivés sur l’écran de navigation. « On les voit. Tout dépend de la manière dont on passe sous les nuages, et de la chance. Nous avons le spi, eux le J0. »
De son côté, Rosalin Kuiper et son Team Holcim – PRB, cinquième, continuent de pousser fort, profitant du temps incertain pour réduire l’écart sur les quatre premiers après avoir été piégés la veille par une dépression.
Si le Britannique Alan Roberts reconnaît ne voir « aucune éclaircie pour l’instant » à travers la couverture nuageuse, il souligne néanmoins que l’équipage garde le moral avec plus de 700 milles encore à parcourir et de nombreuses opportunités avant l’arrivée.
« Quoi que nous apportent les nuages, nous essayerons d’en tirer profit. Pour l’instant, ils nous donnent du vent – donc ce n’est pas si mal », a-t-il confié.
Même optimisme à bord de Canada Ocean Racing – Be Water Positive, sixième, où le Français Sébastien Marsset savoure les conditions du jour : « Nous n’avions pas eu ce type de météo depuis le départ, donc c’est agréable d’en profiter. C’est aussi motivant de voir que nous barrons mieux que le pilote automatique. L’état de la mer n’est pas idéal et le pilote a du mal à gérer les petites vagues de travers. Du coup, on fait mieux quand on barre nous-mêmes. La nuit, ce sera une autre histoire, ce sera difficile. »
À 12h aujourd’hui, les leaders commençaient à se regrouper de nouveau à l’approche d’une nouvelle zone de transition du vent au sud de la Sicile. Paprec Arkéa menait toujours la flotte avec deux milles d’avance sur Biotherm, suivi à trois milles par Allagrande Mapei et, cinq milles plus loin, par Team Malizia, lancé à bonne vitesse et en plein rapprochement.