Biotherm, l’étoile filante

Dans un long bord vers l’est tout au long de la journée d’hier, Biotherm a opté pour une route légèrement plus nord que ses rivaux, ce qui lui a permis de prendre les commandes de la course.

Alors que les cinq premiers ont désormais mis le cap vers le nord, Paul Meilhat et les siens comptent une dizaine de milles d’avance. Néanmoins, tout reste à faire avant l’arrivée prévue à Boka Bay ce lundi.

Dans ce qui distingue la course au large des autres disciplines sportives, il y a le fait que les seuls qui peuvent raconter avec précision l’action et le ressenti en sont les principaux acteurs, à savoir les skippers. En plus d’être compétiteurs, régatiers, bricoleurs, ils se doivent aussi d’être conteurs et passeurs d’histoire.

Benjamin Ferré (Biotherm) fait partie des plus talentueux en la matière. Sa participation au Vendée Globe l’avait démontré, ses messages vocaux envoyés hier soir le prouvent à nouveau. Voici en effet sa description de la nuit : « nous sommes au près. C’est une nuit avec un beau ciel étoilé. Il y a des milliers d’étoiles, comme dans le film Le Roi Lion. Je suis allongé dans le cockpit, je regarde les étoiles, je borde et je choque la grand-voile ».

Une option légèrement plus nord et payante

Ce long bord de près à tribord amure a débuté un peu plus tôt en filant « sur une mer d’huile » permettant de profiter d’un coucher de soleil saisissant. Mais si le panorama est époustouflant, la compétition n’est jamais loin. Et si « Pépino » (le surnom de Benjamin) est aussi enjoué, c’est aussi parce que le leader de la course a repris les commandes pour la première fois depuis le départ de cette étape.

Après avoir quitté les rivages de la Sicile, le bateau bleu est parvenu à prendre le meilleur sur le long bord vers l’est au fil de la journée d’hier. Paul Meilhat et les siens avaient en effet opté pour une route légèrement plus nord que leurs rivaux. « C’était le plan d’Amélie (Grassi), décrypte Benjamin. On savait qu’au nord, on aurait un meilleur vent, un meilleur angle et surtout moins de risque de tomber dans une zone de molle ».

© Pierre Bouras / The Ocean Race

La Méditerranée et les « montagnes russes »

Une option payante – « c’était du champagne sailing », s’amuse Benjamin - qui a donc permis à Biotherm - leader du classement général depuis la première étape - de passer en tête. L’équipage de Paul Meilhat avait 10 milles d’avance au moment de contourner le waypoint situé le plus à l’est du parcours. Ils ont pu ensuite entamer la remontée vers le nord en visant un nouveau point de passage au niveau de la Calabre.

Derrière, les quatre autres se « tiennent » en l’espace de 16 milles. Parmi eux, il y a Allagrande Mapei Racing, auteur d’une « superbe remontée dans la nuit de jeudi à vendredi », explique Hugo Feydit. Il reconnaît que « ce sont un peu les montagnes russes », la faute à des conditions météo « toujours difficiles à prévoir ».

« On a eu du vent très faible, du vent fort, des zones de transitions à négocier… C’est la panoplie complète du régatier en Méditerranée ! Pourtant, le coéquipier d’Ambrogio Beccaria assure que « l’état d’esprit est excellent à bord ». Il rappelle que le grand bord de près actuel « n’est pas forcément là où ils sont le plus à l’aise ». Mais l’équipage s’accroche : « on va s’appliquer à naviguer du mieux possible, la course va encore être longue ».

Pour les cinq équipages de tête, il reste en effet plus de 48 heures de course, une mer Adriatique à apprivoiser, quelques waypoints à contourner et surtout la fin d’une belle histoire à écrire.

Tout en longueur pour Team Amaala et Canada Ocean Racing

A l’arrière de la flotte, Alan Roura (Team Amaala, 7e) compte lui aussi des heures compliquées avec le vent méditerranéen : « Les derniers jours de course ont été assez longs. On peut compter les heures où on a eu plus de 10 nœuds de vent donc quand c’est le cas, on les savoure vraiment ! La plupart du temps, comme ce matin, nous sommes bloqués dans des zones molles.

Forcément, c’est un peu difficile à vivre parce qu’on se bat pour rester au contact de Canada Ocean Racing – Be Water Positive. À chaque fois qu’on se rapproche d’eux, on est ralenti à cause de l’absence de vent… Mais on sait que cela fait partie du jeu ! Nous continuons à nous battre. On sait qu’il faut s’adapter en permanence parce que les conditions changent constamment en Méditerranée…

Ce samedi, c’est difficile de dire ce qui nous attend. On prend les heures les unes après les autres. Nous ne savons pas vraiment quand on franchira la ligne d’arrivée, quel jour on est et ce qui va se passer… Mais la seule chose qui compte, c’est de faire avancer le bateau et de garder la bonne ambiance à bord ! »