Biotherm, les raisons d’un succès
L’équipage mené par Paul Meilhat a dominé la course avec une incroyable constance. Vainqueur de quatre des cinq étapes (à Portsmouth, Carthagène, Nice et Boka Bay), en tête à quatre des cinq « scoring gate », Biotherm a réalisé une prestation de haute volée.
Alors qu’ils ont assuré la victoire finale avant même la « final scoring race » de samedi prochain, décryptage de ces multiples facteurs qui leur ont permis de briller.
L’équipage mené par Paul Meilhat a dominé la course avec une incroyable constance. Vainqueur de quatre des cinq étapes (à Portsmouth, Carthagène, Nice et Boka Bay), en tête lors de quatre des cinq « scoring gate », Biotherm a réalisé une prestation de haute volée. Alors qu’ils ont assuré la victoire finale avant même la « final scoring race » de samedi prochain, décryptage de ces multiples facteurs qui leur ont permis de briller.
C’est devenu une habitude. Voir l’équipage de Biotherm exulter à l’arrivée, observer des sourires et des expressions enjouées, regarder le petit bateau bleu en tête sur la cartographie… Cette domination sans partage, ce sont les autres skippers qui en parlent le mieux.
« Ils ont fait une masterclass, du début jusqu’à la fin », s’enthousiasme Corentin Horeau. « C’est une très belle performance, poursuit Boris Herrman (Team Malizia). Ils ont été supérieurs en vitesse et meilleurs en stratégie ». « Ils ont été juste énormes, au-dessus du lot, ajoute Thomas Ruyant (Allagrande Mapei Racing). C’était le bon équipage, le bon bateau, la bonne stratégie ».
Un peu plus tôt, à l’heure d’esquisser un premier bilan, Paul Meilhat rappelait que ce succès « est lié à une multitude de facteurs ». En voici quelques-uns.
Un objectif parfaitement identifié
« Moi, j’étais super motivé par cette course, expliquait Paul cette nuit. Je voulais vraiment la gagner mais ce qui est génial, c’est que toute l’équipe était dans le même état d’esprit ». « Même si on ne s’attendait pas à ça, c’est sûr qu’on venait pour gagner », a ajouté Amélie Grassi. Ainsi, dès le début de saison, The Ocean Race Europe était l’objectif n°1 du team, l’équipage ne disputant pas la Transat Café L’Or cet automne.

Tout a donc été pensé pour être le plus performant possible durant cette course. D’ailleurs, Biotherm a mis à l’eau un peu plus tardivement afin d’offrir une coupure bienvenue à toute l’équipe après le Vendée Globe (que Paul a terminé 5e). L’équipe s’est également préparée en Suède avant d’arriver à Kiel pour s’accoutumer à la mer Baltique et maximiser ainsi ses chances dès le top départ.
Un IMOCA très adapté au parcours
Si Biotherm était « un cran au-dessus » (dixit Pascal Bidégorry, Paprec Arkéa), c’est aussi parce que le bateau était particulièrement « typé » pour ce genre de course. En somme, l’IMOCA, un plan Verdier mis à l’eau en 2022, s’est montré particulièrement agile dans les conditions rencontrées. « C’est vrai qu’on a un bateau conçu pour ce type de courses, reconnaît Paul. Il est très rapide dans les transitions, dans du petit temps, sur mer plate ».
À titre de comparaison, les plans Koch (Paprec Arkéa, Allagrande Mapei Racing) ont finalement eu peu d’occasions d’exprimer leur plein potentiel, les longs bords au portant ayant été assez rares au fil de la course.

Un état d’esprit irréprochable
« Ce qui est dingue, c’est de voir qu’à chaque fois qu’ils changeaient l’équipage, les skippers prenaient la même énergie, la même symbiose et repartaient toujours au top », estime Corentin Horeau. « C’est clair qu’on a eu une super dynamique et une bonne énergie à bord, ça nous a permis de prendre les décisions calmement et sereinement », explique Amélie Grassi.
Un état d’esprit insufflé par Paul Meilhat qui « arrive toujours à trouver le bon compromis entre la discussion et le fait de trancher quand il faut », expliquait Sam Goodchild à Carthagène. « On te fait tout de suite confiance donc tu te fais confiance et ça fonctionne très bien », abonde Benjamin Ferré. Jack Bouttell et Carlos Manera ont également participé avec talent à cette réussite collective. « On crée des liens forts, on est en train de devenir amis », confiait Amélie Grassi lors d’une arrivée.
Une incroyable constance
Cette cohésion à bord et l’efficacité technique du bateau ont permis à Biotherm d’être aux avant-postes une grande partie de la course. Cela s’est constaté dès les départs puisque l’équipage a remporté quatre des cinq « scoring gate ». Ils ont ainsi été en tête de toutes les « scoring gate » côtières, ne laissant que celle située au large de la Sardaigne (dépassée par Paprec Arkéa au bout de trois jours dans la dernière étape). Par ailleurs, en remportant quatre des cinq étapes, Biotherm a fait le plein de points.
Surtout, c’est l’abnégation qui est notable, tant il fallait parfois s’accrocher et y croire pour inverser parfois la tendance. Jusqu’à Boka Bay, la patience, le sang-froid et la rigueur de chaque instant ont été nécessaires jusqu’au bout pour prendre les commandes de la course et ne plus les quitter. Sur les 52 points qu’il était possible d’empocher depuis le départ, Biotherm en a obtenu 48 points, nouvelle illustration de sa domination sans partage.

Une expérience commune si précieuse
L’aspect collectif du projet ne se résume pas à l’équipage. Paul Meilhat est également parvenu à constituer une équipe très soudée et particulièrement efficace. Le skipper rappelait d’ailleurs cette nuit que l’IMOCA n’avait aucun dégât majeur et qu’il « fonctionnait à merveille ». Cette capacité à tirer le meilleur du monocoque, déjà entrevue au Vendée Globe (5e), démontre aussi le professionnalisme de l’équipe et l’expérience qu’elle a acquise au fil des compétitions.
En la matière, la participation à The Ocean Race en 2023 (3e) a constitué un vécu commun qui a beaucoup compté. « Même si on en garde des souvenirs incroyables, ça a été difficile pour nous ». Paul parle des « problèmes techniques » et évoque le fait de tout découvrir : l’équipage, la course, l’organisation… « Tout ce qu’on a alors appris nous sert aujourd’hui à être plus à l’aise, plus efficace et à nous concentrer sur l’essentiel ». Il ajoute : « avant, on ne savait pas où aller, on était toujours en retard…
Là, tout le monde va vers le même objectif » La victoire à The Ocean Race Europe – mathématiquement, Biotherm ne peut plus être rejoint par ses rivaux à l’issue de la « final scoring race » de samedi prochain – donne forcément des idées à l’équipe pour l’avenir.
Avant le départ en août dernier, Paul rappelait que le contrat qui les unit à Biotherm s’achève à la fin de l’année. Dans la foulée, il ajoutait : « notre objectif, c’est de participer à nouveau à The Ocean Race ». Grâce à ce triomphe estival, l’équipe ne pouvait pas rêver mieux pour envisager l’avenir avec enthousiasme.